La Commission du Lancet et de la World Psychiatry Association sur la #dépression lance un appel à une action concertée des professionnels de la santé, des décideurs politiques, des chercheurs et de la collectivité en général afin d’alléger le fardeau mondial de la dépression. Lors du World Congress of Psychiatry en 2022, trois experts ayant joué un rôle de premier plan au sein de la Commission ont présenté un aperçu des messages clés et des recommandations.
Une crise sanitaire mondiale négligée
C’est chez les jeunes adultes et dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire que le fardeau de l’incapacité due à la dépression est le plus lourd
C’est chez les jeunes adultes de moins de 30 ans, et dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire que le fardeau de l’incapacité due à la dépression est le plus lourd1, déclare la Pre Helen Herrman, Centre for Youth Mental Health, University of Melbourne, Australie. Chez les jeunes adultes, ce fardeau entraîne une baisse du rendement au travail et du revenu, et une détérioration des relations interpersonnelles1.
Pourtant, au cours des 30 dernières années, le fardeau de la dépression exprimé en nombre d’années vécues avec incapacité ajusté selon l’âge/100 000 habitants est resté inchangé1. Par contraste, pendant la même période, le fardeau mondial des maladies vasculaires a diminué de manière appréciable1.
Dans les pays à revenu élevé et les pays à faible revenu, respectivement, seuls 52 % et 27 % des patients sont en contact avec un service de soins, seuls 14 % et 6 % des patients reçoivent un traitement médicamenteux approprié, et seuls 17 % et 8 % suivent une psychothérapie adéquate1.
Dans les pays à revenu élevé et les pays à faible revenu, respectivement, seuls 14 % et 6 % des patients reçoivent un traitement médicamenteux approprié, et seuls 17 % et 8 % suivent une psychothérapie adéquate
Pour alléger le fardeau mondial de la dépression, il faudra intervenir à des niveaux multiples, soutient la Pre Herrman. Ces interventions doivent sensibiliser la population et renforcer la volonté d’action politique afin d’accentuer la prévention aux paliers sociétal et individuel et d’assurer l’accès à des soins efficaces1.
Messages clés concernant le diagnostic et la prise en charge
La prise en charge doit être personnalisée en fonction de la combinaison unique des symptômes et de l’expérience du patient vivant avec la dépression
La dépression est une maladie répandue et hétérogène, associée à un ensemble de symptômes cliniquement observables entraînant de la détresse et nuisant au fonctionnement au quotidien1, souligne le Pr Mario Maj, Département de psychiatrie, Université de Campanie Luigi Vanvitelli, Naples, Italie. Elle sévit partout dans le monde, les symptômes les plus fréquents variant d’une région à l’autre, selon des facteurs culturels et contextuels2.
La combinaison des symptômes et de l’expérience du patient aux prises avec une dépression est unique, d’où la nécessité de personnaliser le plan de prise en charge3. Ce plan doit aussi tenir compte du stade clinique de la maladie, selon qu’il s’agit d’une intervention précoce ou du traitement d’un trouble dépressif récurrent ou chronique1, explique le Pr Maj.
Il faut mobiliser la société tout entière afin d’actualiser les pratiques et les politiques
La Commission plaide en faveur de modèles collaboratifs de prestation des soins faisant intervenir l’équipe de soins de premier recours, l’équipe spécialisée en santé mentale, la famille, des conseillers non professionnels et des fournisseurs de services intersectoriels1, précise le Pr Maj. En outre, la Commission préconise d’investir davantage dans une mobilisation de la société tout entière, incluant familles, écoles, milieux de travail, voisinages et services de soins, afin d’actualiser les pratiques et les politiques, et d’améliorer les programmes scientifiques1.
Recommandations quant aux actions des quatre acteurs clés
Il faut mettre en place des stratégies de prévention et d’investissement pour remédier aux disparités
Le Pr Vikram Patel, Department of Global Health and Social Medicine, Harvard Medical School, Boston, É.-U., a présenté un aperçu des recommandations de la Commission quant aux actions à mener par les quatre acteurs clés pour alléger le fardeau de la dépression1 :
- Professionnels de la santé, particulièrement dans le secteur des soins de premier recours — Renforcer leur compréhension du tableau clinique hétérogène de la dépression; prendre en charge non pas le diagnostic, mais bien la personne dans son intégralité; et assurer des soins personnalisés suivant un modèle collaboratif.
- Décideurs politiques – Réagir aux données probantes et mettre en œuvre des stratégies de prévention et d’investissement afin de remédier aux disparités sévissant au fil du parcours de vie, particulièrement au cours des 2e et 3e décennies de vie.
La plupart des personnes aux prises avec une dépression se rétabliront si elles reçoivent un soutien et un traitement appropriés
- Chercheurs — Poursuivre l’étude de l’étiologie multifactorielle de la dépression et des caractéristiques individuelles influant sur la réponse à un traitement donné, afin d’étayer la valeur de la médecine de précision dans la prise en charge.
- Collectivité en général et personnes ayant une expérience vécue de dépression — Reconnaître qu’il est important de solliciter de l’aide rapidement pour favoriser le rétablissement et garder espoir, car la plupart des personnes aux prises avec une dépression se rétabliront si elles reçoivent un soutien et un traitement appropriés.
Les faits saillants du symposium rapportés par nos correspondants se veulent une représentation juste du contenu scientifique présenté. Les opinions et les points de vue exprimés sur cette page ne reflètent pas forcément ceux de Lundbeck.