Congrès 2022 de la Fédération des sciences neurologiques du Canada

COVID oblige, c’était la première fois depuis 2 ans que la Fédération des sciences neurologiques du Canada (FSNC) tenait son congrès en présentiel. Le congrès de 3 jours s’est ouvert sur le thème de la prise en charge des céphalées.

La séance intitulée Updates in Headache, a New Frontier comportait quatre communications. Les deux premières, présentées en matinée, ont fait le point sur les traitements ponctuels et préventifs de la migraine, et mis l’accent sur les traitements existants et novateurs; un tour d’horizon de la littérature en médecine de la céphalée était aussi au menu. Les deux autres séances – qui ont fait le point sur l’algie vasculaire de la face (céphalée autonome du trijumeau) – se sont terminées par une mise à jour sur les fuites de  liquide céphalorachidien et l’hypotension intracrânienne. Ces deux communications ont mis en relief de nouvelles approches permettant de mieux reconnaître et traiter ces affections et récapitulé les stratégies thérapeutiques d’efficacité démontrée.

Prise en charge ponctuelle de la migraine

La Dre Rebecca Barmherzig, SickKids, Toronto, a pour sa part fait un tour d’horizon exhaustif de la prise en charge ponctuelle de la migraine. Elle s’est penchée sur les nuances et les différences posologiques entre les traitements ainsi que sur la façon de les combiner efficacement. L’importance capitale du moment où le médicament est pris est le principal enseignement à retenir de cette séance. Les patients doivent être conscients de l’intervalle qui s’écoule entre l'apparition des symptômes et leur prise d’un médicament ponctuel et transmettre l’information à leur médecin afin que ce dernier puisse optimiser les effets du traitement. En outre, la Dre Barmherzig a rappelé que l’utilisation de médicaments ponctuels 2 jours par semaine est le critère généralement retenu pour définir la céphalée par abus médicamenteux (CAM). Elle a proposé aux congressistes d’informer les patients des posologies maximales à respecter à des fins d’innocuité et apporté quelques précisions sur les médicaments ponctuels à prescrire aux patients pour maximiser la probabilité d’une meilleure issue clinique.

La Dre Barmherzig a rappelé que l’utilisation de médicaments ponctuels 2 jours par semaine est le critère généralement retenu pour définir la céphalée par abus médicamenteux.

Traitement préventif de la migraine

La séance suivante – sous la présidence du Dr Alexander Melinyshyn, London, Ontario – comportait un guide complet pour le choix d’un traitement préventif de la migraine. Sa communication portait à la fois sur la différenciation clinique des anticorps monoclonaux anti-CGRP (peptide lié au gène de la calcitonine) et sur la prise en charge de leurs effets indésirables, son objectif étant de rassurer l’auditoire quant à l’innocuité de ces agents. Durant la discussion sur les agents récents, le Dr Melinyshyn a abordé la possibilité de réfléchir à la manière d’alléger le fardeau de la migraine plutôt que de simplement déterminer la fréquence des crises migraineuses.

Le Dr Melinyshyn a abordé la possibilité de réfléchir à la manière d’alléger le fardeau de la migraine plutôt que de simplement déterminer la fréquence des crises migraineuses.

Quoi de neuf en prévention de la migraine?

La dernière séance de la journée sur la céphalée – qui était animée par le Dr David Dodick, Mayo Clinic – portait sur les nouveautés en prévention de la migraine. La Dre Élizabeth Leroux, actuelle présidente de la Canadian Headache Society, a ouvert la séance par un survol du fardeau de la migraine et des coûts indirects des crises migraineuses au Canada. Elle a révélé que « la prise en charge de la migraine allait connaître une importante avancée au Canada ». Elle a aussi mis en lumière d’importantes initiatives de formation de Migraine Canada à l’intention des professionnels de la santé, dont un balado comportant des discussions sur la migraine et le programme éducatif Mastermind conçu par la Canadian Headache Society, pour améliorer la prise en charge de la migraine dans un contexte de soins de premier recours.

La Dre Leroux a révélé que « la prise en charge de la migraine allait connaître une importante avancée au Canada ».

La présentation du Dr Dodick, intitulée Dave’s Top Ten, était une discussion interactive avec la Dre Leroux. Le Dr Dodick s’est penché sur les 10 principales questions que les médecins se posent concernant les nouveaux agents préventifs de la migraine. Au nombre de ces questions :

• Quel est le rôle du CGRP dans la migraine?
• Quelle est l’efficacité des anti-CGRP, notamment les anticorps monoclonaux et les gépants?
• Ces traitements sont-ils sûrs, et comment traiter leurs éventuels effets indésirables?
• Comment savoir quels patients sont les plus susceptibles de répondre à un médicament donné?

Pour répondre à ces questions, il a d’abord présenté d’importantes données cliniques et des données tirées de la pratique, après quoi il a parlé de sa propre expérience clinique et des enseignements qu’il a tirés depuis le lancement des anticorps monoclonaux anti-CGRP. La Dre Leroux a ponctué sa présentation de remarques sur les implications pour la pratique canadienne et prodigué quelques conseils aux professionnels de la santé, l’éventail des traitements offerts au Canada ne cessant de s’élargir.

De formidables avancées ont vu le jour au cours des 6 dernières années, surtout avec la commercialisation d’options ciblant spécifiquement la migraine comme les anti-CGRP. En fait, les conférenciers au congrès 2022 de la FSNC ont reconnu le caractère prometteur des produits à l’étude dans le traitement de la céphalée, précisant que les recherches nous permettront de mieux comprendre la physiopathologie de la maladie et de concevoir de nouvelles options de traitement. Ils ont conclu sur une note optimiste : certes, la prise en charge des céphalées est parfois difficile, mais les cliniciens et les patients ont à leur disposition de nombreuses stratégies de traitement ─ sans compter toutes celles que nous voyons poindre à l’horizon.

En fait, les conférenciers au congrès 2022 de la FSNC ont reconnu le caractère prometteur des produits à l’étude dans le traitement de la céphalée, précisant que les recherches nous permettront de mieux comprendre la physiopathologie de la maladie et de concevoir de nouvelles options de traitement.