La dépression est un important problème de santé au travail chez les soignants professionnels, dont le taux de dépression est d’ailleurs plus élevé que celui de la population générale. Les soignants aux prises avec une dépression sont moins productifs que leurs pairs non déprimés; aux États-Unis, on estime que la perte de productivité associée à la dépression se chiffre annuellement à 36 milliards $. Par ailleurs, la dépression chez les soignants peut conduire à une baisse du rendement au travail, laquelle pourrait se répercuter sur les soins prodigués et sur la sécurité du client. Elle peut également porter atteinte à la crédibilité professionnelle.
Sabine Saade, Ph.D. (professeure adjointe de psychologie, American University of Beirut, Liban) a publié les résultats d’une revue systématique1 sur la prévalence de la dépression chez de nombreux soignants professionnels – médecins, infirmier(-ère)s, travailleur( euse)s sociaux( ales), psychologues, psychiatres, sages-femmes, ergothérapeutes, orthophonistes, technicien(ne)s de laboratoire et technologues en radiologie, agent(e)s de santé communautaire, physiothérapeutes et préposé(e)s aux soins des aînés. La revue avait aussi pour objet de cerner les facteurs liés au travail associés à un risque accru de dépression chez ces personnes.
La dépression chez les soignants peut conduire à une baisse du rendement au travail, laquelle pourrait se répercuter sur les soins prodigués et sur la sécurité du client.
La revue englobait 17 437 soignants de plus de 29 pays. Parmi les études répertoriées, les trois échelles d’évaluation de la dépression les plus utilisées étaient la CED-S (Center for Epidemiologic Studies Depression Scale), la HADS (Hospital Anxiety and Depression Scale) et le BDI (Beck Depression Inventory). Selon ces études, la prévalence de la dépression variait entre 2,5 et 91,3 %, la moyenne étant de 27,2 % (médiane : 23,3 %). Parmi les facteurs liés au milieu de travail contribuant à la dépression figuraient : lourde charge de travail (travail physiquement exigeant et nombre élevé d’heures de travail), forte tension émotionnelle/psychologique, sommeil insuffisant ou irrégulier, faible pouvoir décisionnel, sentiment d’injustice au travail, et intimidation ou conflits au travail.
La prévalence de la dépression chez les soignants professionnels variait entre 2,5 et 91,3 %, la moyenne étant de 27,2 %.
Les facteurs inversement associés au risque de dépression étaient les suivants : soutien (y compris formation adéquate et soutien par les supérieurs, la famille ou les pairs), sentiment de justice au travail, et leadership équitable.
Il est éclairant de cerner les facteurs de risque de dépression chez les soignants pour élaborer de futures stratégies de prévention et d’intervention.
Sabine Saade et ses collaborateurs soulignent qu’il est éclairant de cerner les facteurs de risque de dépression pour élaborer des stratégies de prévention et d’intervention, lesquelles auront un impact maximal si elles sont mises en œuvre à la fois aux paliers individuel et organisationnel. On peut notamment intervenir en allégeant la charge de travail et la tension émotionnelle, en tentant de limiter le plus possible les perturbations du sommeil, en évitant l’intimidation et les conflits au travail, et en veillant à un soutien solide par les supérieurs et entre pairs.
Cette importante étude fait prendre conscience des taux élevés de dépression chez les soignants professionnels et met en évidence plusieurs facteurs de risque de dépression associés au milieu de travail dans le contexte des soins de santé. En ciblant ces facteurs, les employeurs peuvent tenter de prévenir et d’atténuer le risque de dépression associé au milieu de travail. La promotion de la santé mentale chez les soignants peut améliorer le rendement au travail, réduire l’absentéisme et, en définitive, favoriser la qualité des soins prodigués.
La promotion de la santé mentale chez les soignants peut améliorer le rendement au travail, réduire l’absentéisme et, en définitive, favoriser la qualité des soins prodigués.
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