Congrès IHC2021 : En quoi les tests de dépistage de la COVID-19 et le confinement affectent-ils les personnes aux prises avec la migraine?

COVID-19 en Argentine et en Inde : L’écouvillonnage du nasopharynx peut-il déclencher un épisode migraineux et quel est l’impact du confinement chez les personnes migraineuses? Les résultats d’études tirés de 3 affiches présentées au congrès #IHC2021 jettent un nouvel éclairage sur la prise en charge des personnes migraineuses. 

Le dépistage de la COVID-19 par écouvillonnage du nasopharynx peut-il déclencher un épisode migraineux?1

Plus du tiers des personnes migraineuses ont eu un épisode dans les 24 heures suivant leur test PCR. 

Une étude descriptive rétrospective menée en ligne auprès de 309 professionnels de la santé à l’hôpital universitaire Marqués de Valdecilla, en Espagne, visait à déterminer si l’écouvillonnage du nasopharynx pour le dépistage de la COVID-19 par réaction en chaîne de la polymérase (PCR) pouvait déclencher un épisode migraineux. 

Les résultats étaient exposés en détail dans une affiche de J Madera Fernández et al.

Parmi les participants :

  •  37 % étaient atteints de migraine 
  •  47 (15 %) ont rapporté un épisode migraineux dans les 24 heures suivant le test PCR — 37 % des personnes migraineuses et 3 % des personnes non migraineuses (X2 = 66,6, p < 0,00; risque relatif approché (OR) 22,6, IC à 95 % [8,6 à 59,4]) 

Les caractéristiques de l’épisode migraineux post-PCR, dont l’aura, étaient semblables à celles des épisodes antérieurs.

Les résultats semblent indiquer qu’une simple stimulation de la périphérie du trijumeau puisse déclencher un épisode migraineux. 

 

Les auteurs concluent que l’écouvillonnage du nasopharynx pour le dépistage de la COVID-19 par PCR pourrait déclencher un épisode migraineux chez les personnes migraineuses et qu’une simple stimulation de la périphérie du trijumeau pourrait déclencher un épisode.

Quel a été l’impact du confinement imposé par la COVID-19 chez les patients migraineux en Argentine?2

Des chercheurs ont effectué une étude descriptive rétrospective des dossiers médicaux électroniques de patients s’étant présentés à une clinique de la céphalée en Argentine entre le 26 mai et le 30 juin 2020 afin d’évaluer l’impact du confinement chez les patients atteints de migraine.

Durant le confinement, la fréquence des céphalées a augmenté chez 50 % des Argentins atteints de migraine. 

Les résultats étaient exposés en détail dans une affiche de María Vanesa Nagel et al.

Parmi les 304 patients évalués, 88 % étaient des femmes et l’âge moyen était de 41 ans.

La migraine était épisodique chez la plupart des patients (47 %), chronique chez 35 %, accompagnée d’une aura chez 9 % et liée à une céphalée par abus médicamenteux chez 9 %.

Durant le confinement, la fréquence des céphalées a augmenté chez 50 % des patients, est restée stable chez 29 % et a diminué chez 21 %. 

  •  L’aggravation tenait principalement au travail (29 %; 70 % de patients travaillant de la maison) et au changement d’humeur (24 %).
  •  L’amélioration s’expliquait principalement par un traitement préventif médicamenteux (35 %) et le travail (29 %; 24 % de patients travaillant de la maison).

Durant le confinement, le travail a été l’une des principales causes d’aggravation et d’amélioration des céphalées.

Les auteurs ont conclu que le travail pouvait à la fois aggraver et atténuer les céphalées et que le travail à domicile avait un impact variable selon les patients.

Quel a été l’impact du confinement lié à la COVID-19 chez les patients migraineux en Inde?3

En Inde, une étude transversale menée en ligne entre le 27 avril et le 31 juillet 2020 à l’aide d’un questionnaire a permis d’évaluer l’impact du confinement imposé par la COVID-19 chez des patients atteints de migraine.

Durant le confinement, la céphalée s’est aggravée chez 51 % des patients migraineux en Inde. 

Les résultats étaient exposés en détail dans une affiche de Debashish Chowdhury et al.

Parmi les participants recrutés, 4078 ont répondu au questionnaire complet et 984 (24 %) – dont l’âge moyen était de 35 ans – avaient reçu un diagnostic formel de migraine ou répondaient aux critères d’un diagnostic de migraine. 

Parmi les participants migraineux, 51 % ont fait état d’une aggravation, dont 88 à 96 % qui ont rapporté des épisodes plus fréquents, plus de jours avec céphalée, des épisodes de plus longue durée ou des céphalées plus sévères. 

Le confinement imposé par la COVID-19 a diminué significativement la qualité de vie des Indiens atteints de migraine. 

L’aggravation des céphalées a été attribuée aux facteurs suivants :

  • anxiété causée par la pandémie de COVID-19 dans 80 % des cas;
  • incapacité ou difficulté à accéder à des soins médicaux ou à des médicaments contre la migraine dans 49 % des cas;
  • préoccupations financières dans 68 % des cas.

Comparativement aux personnes non atteintes de migraine, davantage de personnes migraineuses ont fait état d’une qualité de vie mauvaise ou très mauvaise (27 % vs 7 %; p < 0,0001).

Les auteurs ont conclu que le confinement lié à la pandémie de COVID-19 avait diminué significativement la qualité de vie des Indiens aux prises avec la migraine. 

 

Références

  1. Fernández JM, et al. Nasopharyngeal swab may trigger migraine by peripheral stimulation of trigeminal nerve. Poster presented at IHC 2021, 8–12 September, P023.
  2. Nagel MV, et al. Impact of COVID-19  lockdown in Argentinean patients with migraine. Poster presented at IHC 2021, 8–12 September, P024.
  3. Chowdury D, et al. Impact of lockdown during Covid-19 pandemic in India on the disease activity and quality of life in migraine patients: A web-based survey. Poster presented at IHC 2021, 8–12 September, P029.