De l’anhédonie dans la schizophrénie et d’autres troubles de santé mentale

L’anhédonie est définie comme une perte de la capacité à éprouver du plaisir ou du bonheur1. Elle constitue l’un des symptômes négatifs clés de la schizophrénie et a également été observée dans le trouble dépressif majeur (TDM), les troubles bipolaires (TB), les troubles liés à l'usage d'une substance et le trouble de stress post-traumatique (TSPT)1,2. Une meilleure compréhension des mécanismes neuraux sous-jacents à l’anhédonie facilitera l’élaboration d’approches thérapeutiques permettant sa prise en charge.

Circuits neuronaux et interventions dans l’anhédonie

Lors du symposium 2023 de la Schizophrenia International Research Society (SIRS), le Pr Raymond Chan (Institute of Psychology, Chinese Academy of Sciences, Chine) a présenté certains des circuits neuronaux impliqués dans les voies du plaisir/de la récompense, lesquels ont été repérés par cartographie cérébrale. Il a également décrit certaines interventions qui, ciblant le fonctionnement de ces voies neuronales, s’annoncent prometteuses pour traiter l’adhédonie1.

Le processus de récompense se subdivise en quatre composantes : anticipation, consommation, apprentissage et estimation de l’effort requis1. La cartographie des circuits neuronaux de chacune de ces composantes chez des patients schizophrènes a montré : une désactivation significative du cortex cingulaire (anticipation de la récompense); une désactivation de la région des lobules cérébelleux gauches IV/V, de l’insula droite et des gyri frontaux inférieurs droits (consommation de la récompense); une moindre activation dans le putamen droit, le thalamus droit et la crus cerebri gauche (apprentissage de la récompense); une moindre activation du striatum ventral, et une désactivation du noyau caudé, du cortex cingulaire et des régions corticales préfrontale et pariétale (estimation de l’effort requis)1.

Une meilleure compréhension des mécanismes neuraux sous-jacents à l’anhédonie facilitera l’élaboration d’approches thérapeutiques permettant sa prise en charge.

D’autres analyses à modèles multiples ont mis au jour des déficits fonctionnels communs à l’anticipation de la récompense et à l’apprentissage de la récompense dans les régions corticale, sous-corticale et cérébelleuse.

La cartographie de l’activation cérébrale chez des jumeaux monozygotes ou dizygotes sains exécutant la Monetary Incentive Delay Task [tâche liée à l’anticipation d’un gain ou d’une perte financière] a montré que l’expérience du plaisir et l’anhédonie étaient significativement corrélées avec l’activation du noyau accubens (NAcc). Chez les participants qui ont suivi un programme d’entraînement (amélioration de la motivation par l’autorégulation du NAcc fondée sur l’IRM fonctionnelle en temps réel), on a relevé une amélioration du circuit de la récompense. Aucune amélioration n’a été observée chez les participants qui n’ont pas suivi l’entraînement1.

Chez les participants qui ont suivi un programme d’entraînement, on a relevé une amélioration du circuit de la récompense.

La prospection est définie comme la capacité de faire une « pré-expérience » de futurs événements en se les représentant mentalement. Par ailleurs, la « prédiction affective » renvoie à la capacité d’une personne de prédire ses réactions émotionnelles dans l’avenir. Chez le patient schizophrène, l’une et l’autre de ces capacités sont émoussées. La cartographie cérébrale a montré une diminution de la connectivité fonctionnelle avec le cortex rétrosplénial chez les patients atteints d’anhédonie, comparativement à des témoins. Un conditionnement prospectif chez des patients atteints d’anhédonie sociale marquée a montré une amélioration de la connectivité entre le noyau caudé droit et le gyrus occipital inférieur1.

Les patients schizophrènes ont une moindre capacité de faire une « pré-expérience » de futurs événements en se les représentant mentalement.

Futurs axes de recherche

Le Pr Chan a présenté la Seamless Mental-health International League (SMILE), réseau de recherche sur des atteintes transdiagnostiques et infracliniques. Fruit d'une collaboration internationale, ce projet est consacré à l’étude de biomarqueurs, de processus psychopathologiques et d’interventions en santé mentale. Le Pr Chan a également souligné les travaux de l’International Consortium for Schizotypy Research, lequel a été fondé en 2013 et rassemble des chercheurs unissant leurs efforts dans la recherche et le développement.

En définitive, le Pr Chan vise à élaborer des outils pour atténuer l’anhédonie chez le patient atteint de schizophrénie et prévenir la survenue de troubles de santé mentale chez les personnes à risque1.

Les faits saillants du symposium rapportés par nos correspondants se veulent une représentation juste du contenu scientifique présenté. Les opinions et les points de vue exprimés sur cette page ne reflètent pas forcément ceux de Lundbeck.

Références

  1. Presented by Dr. Raymond Chan, “The Weakest Link: Anhedonia across and beyond the Schizophrenia Spectrum Disorders,” at SIRS 2023, Toronto, Canada.
  2. Zhou S, Nie L, Wang Z et al. Aberrant reward dynamics in trait anticipatory anhedonia. Soc Cogn Affect Neurosci. 2019;899-909.