Des données probantes tirées de la pratique présentées en juin dernier au Congrès de la FSNC à Montréal, QC, ont révélé d'importants besoins à combler dans la prise en charge de la migraine au Canada.
La migraine au Canada : peu de données probantes tirées de la pratique
La migraine vient au deuxième rang des causes d’années vécues avec incapacité à l’échelle mondiale, et au premier rang chez les moins de 50 ans, représentant ainsi un fardeau important pour les systèmes de soins de santé1. La migraine impose un lourd fardeau au Canada; cependant, les données étayant le fardeau de la migraine au sein des collectivités canadiennes sont limitées2.
Pour combler ces lacunes, des chercheurs ont réalisé une étude reposant sur des données probantes tirées de la pratique afin d’évaluer le fardeau qu’imposent les cas nouvellement diagnostiqués de migraine en Alberta, compte tenu de caractéristiques épidémiologiques, individuelles et cliniques, des modalités de traitement et de l’utilisation des ressources en soins de santé (URS).
« Pourquoi en Alberta? L’Alberta est dotée du plus vaste système de soins de santé pleinement intégré au Canada. Les données administratives du régime d’assurance médicaments et du système de soins de santé albertains (respectivement, Alberta Health et Alberta Health Services) recouvrent quelque 4,5 millions d’habitants et permettent d’établir des corrélations dans l’ensemble des paliers de soins. L’un des avantages clés de la recherche en Alberta est la base de données PIN (Pharmaceutical Information Network), laquelle inclut des données détaillées sur toutes les dépenses en médicaments, qu’elles aient été couvertes par un régime d’assurance médicaments public ou privé, ou payées directement par le patient. Dans beaucoup d’autres provinces canadiennes, il est seulement possible d’accéder aux données concernant les demandes d’indemnisation présentées au régime public, ce qui restreint la portée des travaux de recherche. » – Tara Cowling, présidente et administratrice principale, Medlior Health Outcomes Research
Combler les lacunes grâce à une étude observationnelle rétrospective
Une étude observationnelle rétrospective a permis l’examen d’une cohorte de personnes repérées dans les données administratives du système de soins de santé albertain en vertu de la saisie de ≥ 1 code diagnostique de la migraine ou de ≥ 1 exécution d’une ordonnance pour un traitement ponctuel spécifique de la migraine entre le 1er avril 2012 et le 31 mars 20183.
Les résultats suivants ont été rapportés3 :
- 199 931 nouveaux cas ont été répertoriés au cours de la phase de constitution de la cohorte.
- L’âge moyen au sein de la cohorte était de 40,0 ans, et la majorité (54,3 %) des patients avaient moins de 40 ans lors de l’événement de référence.
- Les principaux troubles concomitants étaient la dépression (19,7 %), les maladies cardiovasculaires (18,9 %), et l’anxiété (16,6 %).
- L’URS était principalement attribuable à d’autres causes que la migraine, ce qui met en évidence le lourd fardeau de morbidité associé à cette maladie.
Au chapitre de la pharmacothérapie de la migraine, il est ressorti que3 :
- Sur le nombre total de patients, moins de 1 patient sur 3 avait essayé un triptan au moins une fois.
- Un traitement préventif avait été prescrit à moins de 1 patient sur 5 pendant la durée du suivi.
Utilisation importante d’opioïdes
Fait étonnant, on a également noté une utilisation importante d’opioïdes : dans les cas où on a relevé ≥ 1 exécution d’une ordonnance pour un traitement ponctuel, les médicaments le plus souvent prescrits pendant la durée du suivi étaient de la catégorie « Autre » (soit des opioïdes et des barbituriques)3.
« Bien que cette donnée ne soit pas complètement surprenante, elle témoigne du fait que nous sommes encore loin de satisfaire aux normes de soins, et fournit une occasion de rappeler aux professionnels de la santé (PS) du Canada la nécessité d’améliorer l’éducation médicale touchant la prise en charge de la migraine. » Dr Wasif Hussain, professeur adjoint en clinique et directeur du programme de résidence en neurologie chez l’adulte, faculté de médecine, University of Alberta
Dans l’ensemble, les faibles taux de prescription de médicaments pour le traitement ponctuel ou préventif de la migraine, l’URS élevée et l’utilisation importante d’opioïdes dénotent un besoin potentiel à combler et une incapacité marquée chez les patients vivant avec la migraine. En outre, les résultats de l’étude soulignent le besoin d’aider les PS du Canada à parfaire leur éducation afin de pouvoir reconnaître et optimiser les stratégies de traitement de façon à mieux prendre en charge la migraine3.
Cette étude a été réalisée par Medlior Health Outcomes Research grâce au soutien financier de Lundbeck Canada.