Hypofonctionnement des récepteurs N-méthyl-D-aspartate de l’hippocampe dans la physiopathologie d’un premier épisode psychotique

Selon les résultats d’une étude d’imagerie présentés à l’EPA 2022, la plus faible disponibilité des récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA) dans l’hippocampe par rapport à d’autres régions du cerveau lors d’un premier épisode psychotique plaide en faveur d’un hypofonctionnement du récepteur NMDA dans la physiopathologie de la psychose, et montre que l’hippocampe est un site clé de cet hypofonctionnement.

Le tiers des patients atteints de schizophrénie ne répondent pas aux traitements standard ciblant les récepteurs de la dopamine, ce qui montre clairement que la dopamine n’est pas le seul constituant chimique du système nerveux impliqué dans la physiopathologie de la psychose1, affirme la Dre Katherine Beck, Kings College London, Royaume-Uni.

Il est présumé qu’un hypofonctionnement du récepteur NMDA joue un rôle dans la physiopathologie de la psychose

Implication du glutamate

L’implication du glutamate dans la physiopathologie de la psychose est corroborée par une modification des concentrations de glutamate dans le cerveau2,3, des données génétiques et des résultats d’autopsie ou d’imagerie étayant un hypofonctionnement du récepteur N-méthyl-D-aspartate (NMDA)4-6, explique la Dre Beck.

Par ailleurs, une revue systématique doublée d’une méta-analyse a montré que la kétamine, un antagoniste des récepteurs NMDA, induit des symptômes psychotiques transitoires dans tous les domaines de l’échelle PANSS (Positive and Negative Syndrome Scale)7.

Y a-t-il un lien entre un hypofonctionnement du récepteur NMDA et des concentrations accrues de glutamate?

Il semble donc y avoir un lien entre un hypofonctionnement du récepteur NMDA et des concentrations accrues de glutamate, affirme la Dre Beck; en vertu d’un modèle de la psychose, un hyperfonctionnement du système dopaminergique nigrostrié découlerait de l’implication de l’hippocampe, et le glutamate jouerait un rôle crucial dans ce processus8.

Disponibilité des récepteurs NMDA lors d’un premier épisode psychotique

La Dre Beck et ses collègues ont étudié la disponibilité du récepteur NMDA chez 21 patients atteints d’un premier épisode psychotique (PÉP) et 19 sujets témoins sains.

Le rapport du volume de distribution du ligand dans l’hippocampe était significativement plus faible chez les patients atteints d’un PÉP que chez les sujets témoins

Les chercheurs ont eu recours à la tomographie par émission de positons [au 18F] associée à l’imagerie par résonance magnétique (TEP-IRM) et utilisé un ligand sélectif du récepteur NMDA se fixant au site de liaison de la kétamine, puis évalué le rapport du volume de distribution (DVR) et le volume de distribution (VT) du ligand.

Les résultats ont révélé que, contrairement au VT,  le DVR du ligand sélectif du récepteur NMDA dans l’hippocampe était :

  • significativement plus faible chez les sujets avec PÉP que chez les sujets témoins;
  • négativement associé à la sévérité de l’ensemble des symptômes, des symptômes dépressifs et des symptômes généraux.

Les résultats corroborent l’implication d’un hypofonctionnement des récepteurs NMDA de l’hippocampe dans la physiopathologie de la psychose

Aucune différence significative n’a été relevée dans d’autres régions du cerveau, ajoute la Dre Beck.

Ces résultats appuient l’hypothèse d’un hypofonctionnement du récepteur NMDA dans la physiopathologie de la psychose et montrent que l’hippocampe est un site clé de cet hypofonctionnement.

Les faits saillants du symposium rapportés par nos correspondants se veulent une représentation juste du contenu scientifique présenté. Les opinions et les points de vue exprimés sur cette page ne reflètent pas forcément ceux de Lundbeck.

Références

  1. Beck K, McCutcheon R, Stephenson L, et al. Prevalence of treatment-resistant psychoses in the community: A naturalistic study. J Psychopharmacol. 2019;33(10):1248–53.
  2. Merritt K, Egerton A, Kempton MJ, Taylor MJ, McGuire PK. Nature of glutamate alterations in schizophrenia. JAMA Psychiatry. 2016;73:665–74.
  3. Nakahara T, Tsugawa S, Noda Y, et al. Glutamatergic and GABAergic metabolite levels in schizophrenia-spectrum disorders: a meta-analysis of 1H-magnetic resonance spectroscopy studies. Mol Psychiatry. 2022;27(1):744–57.
  4. Ripke S, Walters J, O’Donovan M. Mapping genomic loci prioritises genes and implicates synaptic biology in schizophrenia. medRxiv 2020.09.12.20192922; doi: https://doi.org/10.1101/2020.09.12.20192922
  5. Rubio MD, Drummond JB, Meador-Woodruff JH. Glutamate receptor abnormalities in schizophrenia: implications for innovative treatments. Biomol Ther. 2012;20:1–18.
  6. Pilowsky LS, Bressan RA, Stone JM, et al. First in vivo evidence of an NMDA receptor deficit in medication-free schizophrenic patients. Mol Psychiatry. 2006;11:118–19.
  7. Beck K, Hindley G, Borgan F, et al. Association of ketamine with psychiatric symptoms and implications for its therapeutic use and for understanding schizophrenia: a systematic review and meta-analysis. JAMA Netw Open. 2020;3(5):e204693.
  8. Egerton A, Grace AA, Stone J, et al. Glutamate in schizophrenia: Neurodevelopmental perspectives and drug development. Schizophr Res. 2020;223:59–70.
  9. Beck K, Arumuham A, Veronese M, et al. N-methyl-D-aspartate receptor availability in first-episode psychosis: a PET-MR brain imaging study. Transl Psychiatry. 2021;11(1):425.