L’évolution vers un premier épisode psychotique est-elle prévisible?

Une meilleure compréhension des symptômes avant-coureurs et prodromiques de la psychose peut contribuer à l’exactitude du diagnostic et permettre une intervention plus précoce et peut-être mieux adaptée au patient. Les résultats d’une étude récente décrivant les symptômes fréquents et importants précédant l’évolution vers un premier épisode psychotique (PÉP) ont été présentés au congrès 2022 de la Schizophrenia International Research Society (SIRS).

Le Dr Vincent Paquin, Université McGill, Montréal, Canada, a présenté son étude publiée récemment. Les patients, âgés de 14 à 35 ans et aux prises avec un PÉP, ont été recrutés sur une période de 15 ans au sein d’un programme ambulatoire spécialisé d’intervention précoce dans une région circonscrite de Montréal de plus de 300 000 personnes1.

Les signes avant-coureurs les plus fréquents de la psychose sont des symptômes non psychotiques

Vingt-sept signes et symptômes avant-coureurs prédéfinis ont fait l’objet d’une évaluation rétrospective au moyen d’entretiens semi-structurés et de questionnaires utilisés auprès des 390 patients psychotiques de l’étude et de leur famille1.

Les symptômes avant-coureurs les plus fréquents du premier épisode psychotique sont de nature affective

Les 10 symptômes avant-coureurs les plus fréquents étaient, en ordre décroissant la dépression (environ 75 % des patients), l’anxiété, l’utilisation de substances, le dysfonctionnement des rôles, le retrait social, des difficultés de concentration, une perturbation du sommeil, une diminution de l’énergie, la méfiance et l’irritabilité2. La méfiance a été le symptôme subpsychotique le plus fréquent (48 % des patients)3.

La dépression est le symptôme avant-coureur du PÉP le plus fréquent

Les regroupements de symptômes ont aussi été évalués. Les groupes de symptômes avant-coureurs les plus fréquents étaient la dépression et l’anxiété (56 % des patients) de même que la dépression, l’anxiété et le retrait social (38 % des patients)3.

La méfiance à titre de premier symptôme pourrait être un élément clé de la brièveté de l'intervalle précédant le PÉP  

Chez les patients dont le premier symptôme était la méfiance, l’intervalle précédant le PÉP était significativement plus court (rapport des risques instantanés [RRI] = 2,37) et le taux d’incidence des symptômes était significativement plus élevé (rapport des taux d’incidence [RTI] = 3,20) comparativement aux patients dont le premier symptôme était différent1. La probabilité d’apparition d’une anxiété était significativement plus élevée (RTI = 3,69) chez les patients méfiants; en revanche, la probabilité d’apparition d’une méfiance n’était pas plus élevée chez les patients anxieux3.

L’apparition précoce de la méfiance est un marqueur de l’accumulation rapide des symptômes et de l’évolution vers un premier épisode psychotique

Les symptômes non psychotiques significativement liés à l’apparition plus rapide d’un PÉP étaient une humeur exaltée (RRI = 1,95) et un dysfonctionnement des rôles (RRI = 1,72). L’automutilation à titre de premier symptôme était associée à un taux d’incidence significativement plus faible de symptômes additionnels (RTI = 0,06)1.

Références

  1. Paquin V, et al. Dynamic association of the first identifiable symptom with rapidity of progression to first-episode psychosis. Psychol Med 2021:1-9. 
  2. Paquin V. Oral presentation at SIRS 2022.
  3. Paquin V. Following Breadcrumbs to Win the Race: Retrospective Examination of Precursor Symptoms in First-Episode Psychosis (Abstract). SIRS 2022.