L’abus médicamenteux est fréquent chez les patients vivant avec la migraine, et une céphalée par abus médicamenteux (CAM) s’installe chez jusqu’à 70 % des patients aux prises avec une migraine chronique. La prise en charge optimale des patients vivant avec une migraine chronique et une CAM doit passer par une approche centrée sur le patient, l’objectif étant de réduire l’utilisation de médicaments ponctuels et de couper court à la progression de la maladie, estiment les experts présents au congrès 2022 de la European Academy of Neurology (EAN2022).
Une céphalée par abus médicamenteux s’installe chez jusqu’à 70 % des patients aux prises avec une migraine chronique4
La chronicisation de la migraine et l’apparition d’une céphalée par abus médicamenteux (CAM) font suite à un cercle vicieux : fréquence croissante de crises migraineuses, utilisation accrue de médicaments ponctuels, soulagement moindre apporté par les médicaments ponctuels, nouvelle augmentation de la fréquence des crises migraineuses et incapacité croissante1–3, explique la Pre Gisela Terwindt, Leyde, Pays-Bas.
Plusieurs facteurs de risque sont associés à l’apparition d’une crise migraineuse et d’une CAM
Les professionnels de la santé doivent être conscients des facteurs de risque de la chronicisation de la migraine et de l’apparition d’une CAM. Ces facteurs de risque sont notamment une allodynie (perception d’une douleur cutanée déclenchée par un stimulus normalement indolore) et une hypersensibilité à la douleur5, une dépression et une anxiété concomitantes6 et l’abus de médicaments2, précise la Pre Terwindt.
Une approche centrée sur le patient est essentielle à la prise en charge de la CAM
Stigmatisante, la CAM nuit à la capacité fonctionnelle et à la qualité de vie du patient
Non seulement la CAM nuit-elle au fonctionnement et à la qualité de vie du patient7, affirme le Pr Christofer Lundqvist, Oslo, Norvège, mais la désignation de la maladie – céphalée par « abus médicamenteux » – alourdit le fardeau du patient du fait qu’elle évoque dépendance et toxicomanie8.
Une approche non stigmatisante et centrée sur le patient peut être bénéfique. Les patients atteints d’une CAM peuvent bénéficier d’une intervention brève visant à les aider à diminuer leur consommation de médicaments et ainsi à réduire la fréquence de leurs céphalées9, enchaîne le Pr Lundqvist.
Une intervention brève, non stigmatisante et centrée sur le patient peut réduire l’abus médicamenteux et la fréquence des céphalées
Voici les étapes de cette stratégie :
- repérer le risque selon les circonstances du patent;
- fournir de l’information sur la nécessité de diminuer la consommation de médicaments ponctuels;
- fournir de l’information sur les gains et les difficultés possibles (y compris une aggravation des céphalées pendant 1–2 semaines avant l’amélioration);
- établir avec le patient un plan de traitement qui reposera sur la prise de décisions conjointes entre le patient et le médecin et, au besoin, apporter du soutien au patient7.
Rôle des médicaments préventifs dans la prise en charge de la CAM
Le sevrage associé à la prise d’un médicament préventif dès le début du sevrage est efficace chez les patients aux prises avec une migraine chronique et une CAM
Nous manquons de données probantes à l’appui de la stratégie de traitement la plus appropriée pour chaque patient, affirme la Dre Patricia Pozo-Rosich, Barcelone, Espagne. Cela dit, une comparaison de trois stratégies — sevrage associé à un traitement préventif, traitement préventif associé à un éventuel sevrage, et sevrage associé à un éventuel traitement préventif — a révélé que le sevrage associé à un médicament préventif dès le début du sevrage était la stratégie la plus efficace10.
Dans son guide de pratique, l’EAN reconnaît le rôle du traitement préventif de la migraine avec CAM, poursuit la Dre Pozo-Rosich. Dans les cas de CAM où l’éducation n’est pas efficace, la stratégie devrait être de retirer les médicaments consommés avec excès et de prescrire un traitement préventif d’efficacité démontrée4.
De nouvelles études cliniques visant à évaluer le rôle des médicaments préventifs dans la migraine résultant de l’abus de médicaments sont justifiées
La Dre Pozo-Rosich a aussi passé en revue les données probantes à l’appui de l’efficacité des anticorps monoclonaux dirigés contre le peptide lié au gène de la calcitonine (anti-CGRP) dans la prévention de la migraine et de l’abus médicamenteux. Cependant, des études conçues pour évaluer le rôle des médicaments préventifs dans la migraine avec abus médicamenteux s’imposent, conclut la Dre Pozo-Rosich.
Our correspondent’s highlights from the symposium are meant as a fair representation of the scientific content presented. The views and opinions expressed on this page do not necessarily reflect those of Lundbeck.