De nombreuses données probantes publiées au cours des trois dernières années semblent indiquer que la COVID-19 pourrait avoir un impact négatif sur la santé mentale1. Ce constat est alarmant, certes, mais la plupart de ces études ont été menées chez des patients hospitalisés.
Qu’en est-il des personnes ayant obtenu un résultat positif pour la COVID-19 mais en assez bon état pour éviter l’hospitalisation? La COVID-19 aurait-elle des conséquences négatives sur leur bien-être mental?
Une étude de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa apporte une réponse. Cette étude – que le Dr Simon Hatcher a présentée à la conférence de l’Association des psychiatres du Canada (APC) de 2022 – a révélé que les troubles mentaux n’étaient pas plus fréquents chez les personnes non hospitalisées ayant obtenu un résultat positif pour la COVID-19 que chez celles ayant obtenu un résultat négatif2.
Pandémie de COVID-19 et santé mentale
À mesure que la pandémie de COVID-19 prenait de l’ampleur, le nombre d’études sur les implications psychologiques de la COVID-19 allait en augmentant3.
Bien qu’il y ait eu beaucoup de recherches concernant les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur la santé mentale, « aucune n’est arrivée à la même conclusion, affirme le Dr Hatcher. Selon certaines [études], il y a une légère augmentation du nombre de troubles mentaux, alors que selon d’autres, l’augmentation a été forte. »
« Les conséquences mentales d’une infection par le virus de la COVID-19 restent à déterminer. »
En outre, la littérature sur les implications psychologiques de la COVID-19 est lacunaire à plusieurs égards.
La plupart des études ont été menées chez des patients hospitalisés, bien que 95 % des personnes ayant un résultat positif pour la COVID-19 ne soient jamais hospitalisées4. « De plus, la plupart de ces études ne comportent pas de groupe témoin. On ne peut donc pas déterminer si ce que l’on voit découle de la pandémie ou du virus, poursuit le Dr Hatcher. Et il y a très peu de données sur les résultats cognitifs. »
Le Dr Hatcher et son équipe ont décidé de réaliser une étude pour répondre à ces questions.
Précisions sur l’étude
Les participants ont été recrutés entre juillet 2020 et mars 2021 après avoir eu un test PCR (réaction en chaîne de la polymérase) positif pour la COVID-19 réalisé dans un grand centre de dépistage communautaire à l’Hôpital d’Ottawa. Au total, 162 participants ayant eu un résultat positif et 162 témoins appariés ayant eu un résultat négatif ont été admis à l’étude. Les personnes qui ont dû être hospitalisées ont été exclues.
Les chercheurs ont pris contact virtuellement avec les participants 6 mois après le résultat du dépistage de la COVID-19 afin d’achever les évaluations.
Ils ont évalué chez les participants l’éventuelle présence de dépression, d’anxiété, de trouble de stress post-traumatique, de consommation d’alcool ou de substances et de psychose dans le cadre d’un processus en deux étapes. Avant la visite virtuelle, les participants ont rempli un questionnaire subjectif, lequel servait à déterminer la nécessité d’évaluations objectives subséquentes par les chercheurs.
La performance cognitive des participants a également été évaluée au moyen du mini-examen M-ACE (Mini-Addenbrooke’s Cognitive examination).
« Nous avons obtenu des résultats intéressants », explique le Dr Hatcher :
- Sur le plan de la santé mentale, les résultats ne variaient pas d’un groupe à l’autre.
- Les résultats de l’évaluation cognitive différaient, mais la différence n’a pas atteint le seuil de significativité statistique. On a observé un déficit cognitif chez 21,2 % des participants ayant eu un résultat positif pour la COVID-19 (score M-ACE < 25) comparativement à 13,8 % des participants ayant eu un résultat négatif pour la COVID-19.
- Chez les participants ayant eu un résultat négatif pour la COVID-19, des antécédents de troubles psychiatriques, un faible revenu (moins de 50 000 $) et des antécédents de trauma de l’enfance étaient des prédicteurs de dépression et d’anxiété. Le faible revenu était le seul prédicteur d’un déficit cognitif.
Les troubles mentaux n’étaient pas plus fréquents chez les personnes non hospitalisées ayant eu un résultat positif pour la COVID-19 que chez celles ayant eu un résultat négatif, selon une étude canadienne qui a suivi 324 personnes pendant 6 mois.
Que faut-il retenir de cette étude?
Sur le plan des conséquences pour la santé mentale, cette étude n’a objectivé aucune différence entre le groupe ayant eu un résultat positif pour la COVID-19 et le groupe ayant eu un résultats négatif. Sur le plan des facteurs de risque, par contre, les résultats différaient selon que les patients étaient atteints d'un trouble mental ou cognitif.
« Les troubles mentaux ne semblent donc pas plus fréquents chez les personnes non hospitalisées ayant eu un test positif pour la COVID-19 que chez celles ayant eu un test négatif », insiste le Dr Hatcher.
« C’est donc dire que l’incidence plus élevée de troubles mentaux durant la pandémie découle probablement des mesures appliquées durant la pandémie, comme le confinement et le fait de ne pas aller au travail », conclut le Dr Hatcher.
« L’incidence plus élevée de troubles mentaux durant la pandémie découle probablement des mesures appliquées durant la pandémie, comme le confinement et le fait de ne pas aller au travail. »
Les faits saillants du symposium rapportés par nos correspondants se veulent une représentation juste du contenu scientifique présenté. Les opinions et les points de vue exprimés sur cette page ne reflètent pas forcément ceux de Lundbeck.