Le lien entre les hormones sexuelles féminines et la migraine

Dans le cadre du congrès de la Fédération des sciences neurologiques du Canada (CNSF) de 2023 qui a eu lieu à Banff, en Alberta, un symposium tenu le 7 juin dernier a été consacré au lien important entre les hormones sexuelles féminines et la migraine. Ce symposium était intitulé « Sujets d’actualité en neurologie : pilule, grossesse et timbres cutanés : le lien entre les hormones et la migraine  ». 

Durant ce symposium, des experts réputés du Canada en matière de céphalée ont abordé divers aspects du lien entre les hormones sexuelles féminines et la migraine tout au long de la vie d’une femme. Comme ces hormones fluctuent considérablement à l’apparition des premières règles ainsi que durant les règles, la grossesse et la ménopause, les experts se sont concentrés sur ces jalons temporels.   

Rôle des hormones dans la migraine

Durant la première présentation, la Dre Farnaz Amoozegar (University of Calgary) et la Dre Ana Marissa Lagman-Bartolome (University of Toronto) ont expliqué qu’en plus de sa prévalence au-delà de trois fois plus élevée chez la femme1, la migraine se caractérise par une incidence cumulative qui demeure 2 à 3 fois plus élevée que chez l’homme durant les années où la femme est apte à procréer2. Ces observations font clairement ressortir un lien entre les hormones sexuelles féminines et la migraine. Les cliniciens devraient donc prendre en considération le sexe du patient aux prises avec la migraine.

Lien entre les premières règles et la migraine menstruelle à l’adolescence

La migraine est une affection répandue chez l’enfant, sa prévalence pouvant atteindre 10 %3. La Dre Thilinie Rajapakse (University of Alberta) a rapporté que chez le tiers des femmes aux prises avec la migraine, le premier épisode migraineux et les premières règles sont survenus à peu près au même moment4. Couplés au fait que le risque d’apparition de la migraine augmente avec l’âge jusqu’à la puberté3, ces résultats semblent indiquer que les hormones sexuelles jouent un rôle dans l’étiologie de la maladie.

La migraine durant la grossesse et l’allaitement

D’importants aspects de la migraine durant la grossesse et l’allaitement ont aussi été abordés. Les risques associés à l’utilisation de divers médicaments dans le traitement ponctuel de la migraine suscitent beaucoup d’intérêt chez les professionnels de la santé qui soignent la migraine, explique le Dr Michael Knash (University of Alberta). Le Dr Knash a également présenté les résultats d’un registre de grossesses dans lequel étaient surveillés les signes de tératogénicité majeure chez les enfants de femmes qui avaient pris certains triptans durant la grossesse : parmi les nourrissons et fœtus exposés, aucune augmentation du risque d’anomalie congénitale grave n’a été rapportée5.

Comprendre et traiter la migraine durant la périménopause et la ménopause

Durant la présentation finale, la Dre Farnaz Amoozegar a expliqué que la fréquence et la sévérité des épisodes migraineux diminuent généralement après la ménopause, mais il est fréquent qu’elles augmentent durant la périménopause6. Cette augmentation s’explique par les grandes fluctuations des taux d’œstrogènes souvent observées durant la périménopause7.

La migraine étant un facteur de risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique que l’utilisation d’un contraceptif oral vient exacerber, à plus forte raison lorsque les épisodes migraineux s’accompagnent d’une aura7, la Dre Amoozegar recommande d’éviter l’utilisation des œstrogènes oraux chez les femmes aux prises avec une migraine avec aura. Elle a aussi mentionné l’absence de données claires à l’appui d’un avantage de l’hormonothérapie substitutive post-ménopausique sur la migraine7.

L’importance du lien entre les hormones sexuelles féminines et la migraine pour un meilleur traitement des Canadiennes aux prises avec la migraine

Compte tenu de la prévalence et de l’incidence élevées de la migraine chez la femme1-2 et de son impact considérable sur la qualité de vie8, il est particulièrement important d’être davantage conscient du lien entre les hormones sexuelles féminines et la migraine, et de lui accorder une importance croissante.  

Les faits saillants du symposium rapportés par nos correspondants se veulent une représentation juste du contenu scientifique présenté. Les opinions et les points de vue exprimés sur cette page ne reflètent pas forcément ceux de Lundbeck.

Références

  1. Lipton RB, et al. Neurology 2007;68(5):343-349
  2. Orr SL, et al. Nat. Rev. Neurol. 2018;14(9):515-527.
  3. Barnes NP. BMJ Clin. Evid. 2011:0318
  4. Victor TW, et al. Cephalagia 2010; 30(9):1065-1072.
  5. Ephross SA, Sinclair SM. Headache 2014;54(7):1158-72
  6. MacGregor EA. Maturitas 2020;142:24-30
  7. Khandelwal S, et al. Best. Pract. Res. Clin. Obstet. Gynaecol. 2022;81:31-44.
  8. Amoozegar F, et al. Can. J. Neurol. Sci. 2022;49(2):249-262